Vision fugitive de collier de serpent mais surtout détails d’une chevelure qui échappe à la pesanteur, visage retrouvé d’avant le regard dans le miroir, figures pas là pour se mirer. À la limite de l’équilibre, attrapés dans la chute ils tombent, ils tombent car ils vivent…
…Tout ce mystère ancien, brutal, dangereux, autant qu’humble parcourt les toiles et sculptures de l’œuvre de Philippe Briard.
Julien DENOUN
Ce qui fait sculpture
Auparavant, la sculpture était réalisée par l’artiste mais depuis le « Ready Made » de Duchamp, on assiste à une permanente remise en question de ce principe. Si un objet issu de notre société de consommation peut acquérir le statut d’oeuvre d’art au gré de son déplacement dans le musée, ne peut-on envisager un déplacement tout autre, en s’appuyant sur la question du point de vue et de la composition en parlant d’une photographie ? C’est ce regard, cette mise en scène aléatoire qui, en s’appuyant sur un agencement particulier des volumes, de la matière et de la couleur, dans une certaine disposition des ombres et des lumières, transporte le musée hors les murs, aboutit à une forme de sculpture hasardeuse qui se déploie au gré des paysages traversés dans le macrocosme comme dans le microcosme. Comment ne pas évoquer à ce sujet encore une fois Marcel Duchamp et son complice Man Ray dans l’élaboration du « Champ de poussières » . Ce qui a été photographié a disparu et hors de ses limites, de ses véritables dimensions, la « sculpture » ainsi renseignée prend une toute autre étendue…
C’est dans un mouvement expérimental approchant, en se fiant à l’intuition que les photographies suivantes ont pu se déployer.